0:00 0:00
Écouter l'enregistrement
transcription en format texte

Avant la mise en place par les pouvoirs publics du camp évoqué dans le chapitre précédent, les demandeurs et demandeuses d’asile s’installaient ici, sur les pelouses et places de parking de cette allée qui s’ouvre entre le bâtiment du journal La Semaine et celui de Pôle Emploi. En 2015, la zone est finalement recouverte de rochers par la mairie afin d’y empêcher l’établissement des personnes.

À la droite de Pôle Emploi, en bordure de route, est inaugurée en mai 2018 une stèle commémorative qui marque l’emplacement d’un ancien cimetière juif. Le cimetière fut construit en 1920 à l’extérieur des remparts, dans un en-dehors de la ville, comme indésirable, contrairement aux cimetières catholiques et protestants qui étaient quant à eux situés dans l’enceinte de la cité.

Dans la culture juive, un geste ancestral veut qu’en mémoire des défunts, l’on dépose sur leurs tombes non pas des fleurs mais des pierres. Les explications et interprétations de ce geste sont multiples. L’une d’elles évoque, au regard des fleurs qui finissent par faner, la stabilité des pierres, et donc l’image d’une mémoire qui ne s’étiole pas mais perdure ; les pierres manifesteraient ainsi la solidité du souvenir.

Autour du bâtiment de Pôle Emploi, enjambant les époques, un dialogue de pierres s’esquisse alors. Un relais plus précisément, entre des pierres qui furent déposées sur des tombes à l’adresse de personnes disparues, en souvenir d’elles durant plusieurs siècles, et d’autres pierres déposées en 2015 à l’adresse de personnes demandant l’asile, non pas pour se souvenir d’elles mais en rejet, pour les invisibiliser.
En somme, à des pierres déposées pour rendre présent l’absence, ont succédé, avenue de Blida, des pierres déposées pour tenter de rendre absent le présent.